samedi 3 novembre 2012

Témoignage: Expulsés, et après?


 

Si le 30 octobre 2012 se présente a priori à mes yeux comme une triste date, je ne souhaite pas m'abandonner à l'idée d'avoir été vaincu par la force aveugle d'une escouade de policiers mieux équipés que nous. Si nous faisons les comptes, nous voyons qui a l'avantage : 6 ans d'occupation contre 3 heures d'expulsion, une centaine de personnes venues en soutien.

La perte du 2 route des Romains est grande mais la défaite est petite, et la «victoire» de nos expulseurs, commanditaires et exécutants, est aussi minuscule qu'eux-mêmes. Les politiciens, toujours avides de vouloir s'élever un peu plus haut que le bout de leur nez, en sont à se crêper le chignon pour un mystérieux pompon : celui de prétendre savoir mieux que d'autres ce qu'il faudrait faire de modes d'action, de gens et de pratiques qu'ils ne comprendront jamais. Qu'ils se tirent dans les pattes, qu'ils tirent encore, qu'ils visent toujours plus haut!

Le relogement de Papier Gâchette montre encore une fois qu'on n'obtient rien sans donner des coups
aux gestionnaires de ce vieux monde. Que ceux qui, tenants d'une moralité 100% pure lutte, voudraient croire que ce relogement est le fruit d'une compromission avec la ville de Strasbourg, n'oublient jamais que la première sortie de Papier Gâchette fut une manifestation sauvage, que le 30 octobre 2012 les portes du 2 route des Romains ne se sont ouvertes qu'à la force de la disqueuse, et que malgré les tentatives répétées de la mairie de vouloir nous diviser nous sommes restés unis. Avoir de grands locaux, de belles maisons n'est pas une affaire de chance : les mètres cubes de dossiers déposés pour des projets qui doivent pourrir dans une salle d'archive de Strasbourg en témoigneront. Celui que nous avons rédigé il y a 5 ans pour la forme en fait partie!

Il n'y aura pas de conclusion parce que je n'en trouve pas ; pas plus que de bilan car nous n'avons pas dit notre dernier mot. Pour que le phénix renaisse encore faudrait-il qu'on l'ait réduit en cendres.
Merci à tous ceux et celles qui nous ont soutenus, et qui soutiendront et initieront des projets où nous nous sentons un peu plus chez nous.

François

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